J’aime découvrir des choses sur moi. Comme hier, je racontais que lorsque j’avais neuf ans, un garçon de ma classe m’avait envoyé une lettre d’amour. C’est très banal. Seulement moi aussi j’étais “amoureuse” de lui. Et je lui ai répondu que je ne l’aimais pas. Pourquoi? Je ne sais pas, j’avais peur. V. m’a alors fait judicieusement remarqué “Putain ça remonte à loin ta peur de l’engagement!”. Je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle. Peur de l’engagement, c’est tout con, tout bête, tellement evident. L’engagement m’effraie c’est vrai. C’est maladif. S’engager c’est reconnaitre ses sentiments, c’est être sérieux. C’est horrible. Je ne m’imagine pas être avec la même personne pendant des mois. Le supporter tous les jours. Avoir à reconnaitre qu’on a besoin de lui. Devoir s’afficher partout, dire qu’on s’aime. Je ne comprends pas le plaisir qu’on peut y trouver, ça devient une contrainte. En fait j’ai honte. J’ai honte d’aimer et de le dire. Voilà pourquoi je m’embarque toujours dans des situations impossibles où je sais que l’engagement est impossible.
Je pense que je fonctionne aussi un peu comme ça en amitié. Je m’entoure toujours de gens avec qui je sais que je ne pourrais pas lier de relations sérieuses et profondes. De gens superficiels, ou complètement fous ou pire... Je sais que je pourrais être amie avec des gens biens, avec qui j’ai des points communs seulement cela m’embête. Je ne veux pas m’engager dans des amitiés sérieuses. Peur de souffrir de l’abandon, de la déception.