Trajectoire
En rentrant chez moi, je m’aperçois que tous les gens sont collés à leurs téléphones portables. C’est assez marrant à voir. Je ne fais pas exception à la règle. J’aime bien parler fort dans mon portable, imposer un peu ma vie aux autres même si je sais que ça les fait profondemment chier et qu’ils n’en ont absolument rien à faire. Moi je ne peux pas m’empêcher d’’écouter les discussions (téléphoniques) d’inconnus. J’adore ça. Je suis d’une curiosité incorrigible. J’attends le bus à un arrêt au hasard. Une fille un peu plus âgée que moi attend aussi. Elle est belle, coiffée de la même manière que moi. Elle tire de longues bouffées sur sa clope. Des mecs passent sur le trottoir d’en face et hurlent des “charmante”. Je ne sais pas à qui ils s’adressaient. Elle, moi? Le bus bondé arrive finalement. Je monte à l’arrière, elle à l’avant, je la perds donc de vue. Nous arrivons à l’arrêt maudit d’un collège où il y a toujours une horde gamins surexcités et particulièrement bruyants. Deux filles, environ treize ans, montent. Elles sont particulièrement laides. Elles n’arrêtent pas de se pousser avec leurs gros sacs. L’une d’elle s’est maquillée à la truelle, elle a un immonde fard à paupière violet et hurle d’une voix suraïgue “Hihiii dès que je rentre chez moi, j’prends le paquet d’clopes de ma mère hihii”. Je me revoie à leur âge. Je ne sais pas si j’étais aussi conne mais en tout cas je comprends pourquoi on disait que j’étais insupportable. J’espère avoir quand même un minimum évolué. Arrivée devant chez moi, je vois une de mes voisines faire le code. Je n’ai pas du tout envie de lui parler. Alors je fais demi-tour, me plante devant un magasin et attends deux minutes qu’elle monte. Tout ça pour ne pas avoir à subir les “Oooh tu as encore grandi, tu es en quelle classe maintenant?”...